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BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN...

13 juillet 2010

Karl Jenkins - Gloria & Te Deum

karl_jenkins_hi_resgParfois, on sait par avance qu'on va être déçu par un artiste qu'on admire. On se prépare, on le pressent, mais rien n'y fait, ca énerve toujours.

Ce ne sera pas une surprise pour ceux qui me connaissent : je suis un admirateur de longue date du travail de Karl Jenkins dont j'ai toujours aimé la capacité à émouvoir et à surprendre, la volonté d'œcuménisme dans les œuvres vocales sacrées, le travail sur la sonorité pure des chœurs en les délestant du pouvoir des mots. Aujourd'hui force est de reconnaitre que Jenkins, cette fois, c'est planté. Mon franc parlé ne reflète que peu la frustration qui est la mienne... Et le fait que la Reine d'Angleterre ait choisi la création de cette œuvre pour l'élever au rang de Commandeur de l'ordre de l'empire Britannique n'en est que plus rageant.

Venons-en aux faits. Depuis quelques longues semaines maintenant, j’attends le nouveau CD de Karl Jenkins. Pour ceux qui ne le connaissent pas, c'est une superstar de la musique classique, véritablement encensée chez lui au Royaume Uni, joué dans le monde entier, (probablement le compositeur du XXIème siècle le plus jo
ué d'ailleurs, sauf en France of course où on croit étrangement que c'est un groupe new wave (?!...) Je ne dirais rien de l'inculture musicale terrassante de notre pays ^^). Né en 1944, il est d'abord et avant tout connu pour son génial projet Adiemus (Le dauphin qui saute entre des avions American Airlines c'est lui) dont nous reparlerons surement.

Tout ce qu'il touche devient de l'or. Il fait des études brillantes, joue pas moins de trois instruments en qualité de professionnel. (Hautbois, saxophone et piano) En 1970, son premier groupe de Jazz, Nucleus, gagne a
près moins d'un an d'existence, le premier prix du festival de Montreux. Oui, moins d'un an, premier prix de la mecque du Jazz... En 1972, il passe à un groupe de Rock Progressif, Soft Machine. Première année d'existence là encore, il remporte le British Jazz Album of the Year en 1973 ! Sa société de production de musique publicitaire est une des plus primée au monde. Il en est pourtant le seul compositeur...

Si on considère l'album Adiemus comme œuvre de musique classique (Ce qui peut se discuter, je l'entends), c'est tout simplement l'album de musique classique du XXème siècle le plus vendu au monde... Et ces trois dernières œuvres, la Messe The Armed Man en 2001, le Requiem en 2005 et le Stabat Mater en 2008 sont à classer parmi les plus brillantes réussites sur le plan formel de la musique sacrée contemporaine et aux seules œuvres de musique classique à être rentré dans le British Top 50… Je passerai complètement sur le procès qui lui est fait systématiquement, à savoir de faire non de la musique savante mais de la musique commerciale. Une sorte de pop classique. Je me fous de ce débat. Je ne considère pas que ce qui fonctionne à l’oreille du plus grand nombre est par essence suspect, que ce qui est populaire est forcément vulgaire et encore moins  que ce qui est confidentiel est forcément génial.

Je dis tout ca pour expliciter ma déception face à ces deux nouvelles œuvres. Gloria donc et Te Deum que je mets dans le même panier puisqu'elles ont vraisemblablement été écrites si ce n’est dans le même moule, du moins à la même période. Les œuvres sont, au bas mot, irritantes à entendre en entier, ce qui est déjà mauvais signe. Extrêmement maniérées, usant et abusant des ruptures sonores (Pourtant un des nombreux charmes de l’œuvre de Jenkins.), coda exagérément appuyée (Piste 1 et 5 : techniquement incroyable mais franchement ratée), mono climat, orchestration tour à tour Ben-Ur (Ouverture) ou brusquement Disney (dernier tiers des piste 3 et 5).

Toutes ces critiques pouvaient être faites aux œuvres précédentes de Jenkins, j'en ai conscience, mais en toute petite proportion, de simples scories dans ce que je pense être de grandes partitions par ailleurs. Mais ici, dans le Te Deum et le Gloria, les scories s’étalent et prennent le devant, entachant irrémédiablement l’œuvre. Qu’en est il par ailleurs de cet œcuménisme systématique dans la Messe (langue anglaise, arabe, grecque, latine, française…), le Requiem (gallois, anglais, japonais, latin…) et le Stabat Mater (anglais, arabe, latin, araméen, hébreu…) ? Et bien ici notre ami Karl botte en touche et relègue le problème en faisant lire de cours paragraphes (moins de trente secondes) à des intervenants dans leurs langues. Exit le travail sur la langue, sur la rythmique, la diction… Bienvenue la fainéantise (Ca prends trop de temps, tant pis ca ira bien comme ca !) ou le systématisme (J’ai toujours fait ca alors même si l’œuvre ne si prête pas, je force le modèle quant même, même si ca fait un peu collage…). Quant à la piste 7, la voix fait pop, mal calibrée, mal assurée, peu stable… Bref, une mauvaise idée de plus.


Je ne peux que vous enjoindre rapidement à découvrir les bouleversantes, et je pèse bien mes mots, partitions précédentes de Karl : j’ai choisi un morceau de chacune de ces précédents chefs œuvres sacrés :


B00005NDVJThe Armed Man, A mass for peace

(En priorité, la piste 03, Kyrie, chantée par un enfant, bouleversant...)


 

51JAH0JD0CLRequiem

(En priorité la piste 11, Lux Aeternam)

 


jenkins

Stabat Mater

(En priorité la piste 11, Fac, ut portem Christi mortem, le chef d'œuvre de Jenkins toute œuvre confondue)


51uIGwYWEDL

Et pour tous ceux qui veulent se faire leur propre avis sur le Gloria et le Te Deum : je ne sauverai  que la piste 3, même avec sa fin un peu Disney, c’est émouvant je dois l’avouer. Essayez vous sinon à la piste 5, on y retrouve la recette Jenkins qui marche : rythme scandé aux percussions, martellement déclamatoire de l'appareil vocal, harmonies primitives venues d'ailleurs...


P.S : La prochaine fois Karl, bosse un peu plus, market un peu moins et surtout laisse toi respirer un peu entre deux œuvres (Oui, je le tutoie et je l'appelle Karl, après tout vu les heures qu'on a passé ensemble sa musique et moi, je peux le considérer comme un ami ^^)

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12 juillet 2010

Saint Saëns - Introduction de Samson & Dalila

samsonIl est des œuvres qu'on aime toute entière, sans limite et sans doute. Le Samson & Dalila (1877) de Saint-Saëns n'est pas de celle là. Comme tout opéra de langue française, je reste trop accroché aux paroles et au sens des mots ce qui m'empêche littéralement de me laisser emporter par la musique.

Mais il en va tout autrement du premier morceau de l'œuvre "Dieu ! Dieu d'Israël!" une sorte d'ouverture qui n'en porterait pas le nom. C'est à mes yeux l'une des trois introductions les plus dramatiques de tout le répertoire. Écoutez  les mugissements plaintifs de contrebasses, rompant régulièrement le déroulement mélodique, vous comprendrez...

Je possédais la version Barenboim / Domingo / Orchestre de Paris (78). Très belle version à n'en pas douter mais à l'aune de ma découverte du jour, je pense qu'il est à peut prêt exclu que je réécoute la première piste sur ce CD. Parce qu'il y a les bonnes choses et il y a l'insurpassable. Parfois un œuvre n'a pas de version de référence qui se détache très clairement. Ici, pas de doute. Grâce à Deezer, j'ai écouté ce matin ce morceaux dans la version Chung / Domingo / Chœurs et Orchestre de l'Opéra Bastille (03). Dans cette version les contrebasses ont un temps de résonance long qui amplifie leur ligne mélodique et la prolonge, de même qu'une sécheresse atypique dans les orchestres de cordes français qui rends le tout exceptionnel.

J'ai été submergé par cette tragédie qui s'annonce. La musique est un art qui s'écoute et ne se lit pas, vous en conviendrez. Voilà pour vous donc :

Samson & Dalila

P.S : J'allais oublier le synopsis de l'Opéra : "A Gaza, les Hébreux sont sous le joug des Philistins; désespérés, ils implorent Dieu de les délivrer de leur servitude". Dans la série l'histoire n'est qu'un éternel recommencement, avec détournement et retournement...

N.B : A noter aussi que l'excellent et très éclectique groupe Muse a utilisé l'une des chansons de Samson et Dalila; "Ah! Réponds à ma tendresse, verse-moi dans l'ivresse"; dans sa chanson "I Belong to You/Mon Cœur S'ouvre À Ta Voix" de l'album "The Resistance"

I.F: Le tableau est de l'excellent Gustave Moreau, cela va sans dire !


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